Zeuxis mort de rire
Bibliographie
Images
Des passions de l'âme et de la joie et de la douleur, troisième discours, prononcé devant Henri III à l'Académie de Paris(publi: 1887), p. 265 (fran)
Philémon, Siracusain, poëte comique mourut de force de rire voyant un asne qui mangeoit des figues et l'excellant paintre Zeuxis mourut aussi de la mesme sorte regardant une vieille qu'il avoit painte.
Discours des passions humaines de la joye et de la tristesse, et quelle est la plus vehemente, discours prononcé devant Henri III(publi: 1887, redac: 1574:1589), p. 249 (fran)
Et quand on voudroit juger la véhémence de la passion par les plus estranges et tragiques événements qui en seroient advenus, je vous en diray quelques-uns de la Joie, qui est une passion si forte et si véhémente et qui tellement espand et trouble les esprits effarez que, de la véhémence, elle ha faict mourir subitement pour légères occasions, de bien grads personnages de nom, d'excellence et de valeur.
Zeuxis, ce tant renommé peintre de la ville de Héraclée dont il estoit natif, qui avecques cette curiosité peignit son Hélène, tant estimée en laquelle il recueillit, accomplit et parfit une beauté d'une infinité de beautés choisies et tirées des plus belles, assemblant ce qui estoit de beau en plusieurs joint et mis en une seule semblance, ce grand ouvrier, après avoir peint une vieille parfaitement bien facte, en la regardant s'esclata si fort de rire d'un fol ris qui le print, qu'il en mourut de joie, rendant l'âme en riant.
Philémon, poëte comic des premiers de son temps, avisant un asne qui mangeoit des figure que l'on avoit cueillies dans un panier pour les luy servir à son disner, crioit à son garson qu'il chassast la beste; lequel y arrivant après que toutes les figues furent mangées (voyez la légère occasion de la mort d'un si excellent homme), ce Philémon dit au garson: "Puisque tu n'est pas venu d'heure, donne luy du vin; il a bien assez mangé pour boyre." — Et ce disant se print à rire si ébouffément qu'il s'en étoufa, perdant le vent et la vie tout ensemble.
Flaccus, Verrius, De verborum significatu(redac: 0:100) (XIV (cf Reinach 211))(latin)
Pictor Zeuxis risui mortuus, dum ridet effuse pictam a se anum, γραῦν, cur hoc modo relatum sit a Verrio, cum de significatu uerborum scribere propositum habuerit, equidem non uideo, cum uersiculos quoque addere.
Flaccus, Verrius, De verborum significatu, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
En somme, quelle limite mettra-t-il au rire, s’il ne veut pas devenir comme ce peintre qui est mort de rire ?
Commentaires : Verrius Flaccus, De verborum significatu, début Ier siècle, cité par Festus, De significatu verborum, fin IIe siècle, « Pictor » (Reinach 211)
Érasme (Desiderius Erasmus), Collecteana Adagiorum(publi: 1500, trad: 2011), Risus Sardonicus (numéro 2401. III, V, 1) , vol. 3, p. 204 (latin)
Dioscorides lib.VI inter uenena prodidit herbae speciem esse quandam, quam quidam ranunculum appellant Latine, Graeci batrachion ; eam a regione, in qua copiosius prouenit, Sardoam siue Sardoniam dicunt, quae pota siue comesa mentem adimat labiisque contractis risus speciem praebeat. Atque inde in hominum uitam sinistri ominis uenisse de risu Sardonio prouerbium. Meminit huius herbae et Plinius lib. XXV circa finem. Strabo Geographiae lib. XI scribit in Cambysena, quae flumen Alazonium accolit, aranearum genus quoddam nasci, quod alios ridendo cogat emori, alios flendo desiderio suorum. Quidam addunt de tarcotella, cuius morsum interitus cum risu sequatur. Quin et Aristoteles De partibus animalium lib. III. ait ictu etiam traiecta praecordia in praeliis risum attulisse literis proditum esse, idque accidere calore, quem moueat uulnus. Mortuus est et Zeuxis pictor ridendo, dum sine fine ridet anum a se pictam, et Crysippus conspiciens asinum uescentem ficis.
Érasme (Desiderius Erasmus), Collecteana Adagiorum, (trad: 2011), Le rire sardonique (numéro 2401. III, V, 1) , vol. 3, p. 204 (trad: "Les Adages" par Saladin, Jean-Christophe en 2011)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Dioscoride avança, livre 6, à propos des poisons, qu'il y avait une espèce de plante que certains appelle renoncule en latin, et batrachion en grec; elle porte, dit-on, le nom de "plante de Sardaigne" ou "plante sarde", de la région dans laquelle elle pousse en abondance. Bue ou mangée, elle ferait perdre la raison et donnerait aux lèvres contractées l'apparence du rire. Et c'est de là, dit-on, qu'est né le proverbe d'un sinistre présage dans la vie des hommes, au sujet du rire sardonique.
Pline aussi se souvient de cette plante, vers la fin du livre 25. Strabon, dans le livre 11 de sa Géographie, écrit qu'en Cambysena, limitrophe du fleuve Alazone, vit une espèce d'araignées qui provoque la mort par le rire pour les uns, par les pleurs dus au regret de ceux qu'ils ont aimés pour les autres. Certains en rajoutent au sujet de la tarentule, dont la morsure est suivie de la mort avec rire.
Et Aristote ne dit-il pas dans les Parties des animaux, livre 3, qu'il a été rapporté que lors de combats le percement du diaphragme par un coup aurait provoqué le rire, et que cela arrive à cause de la chaleur que la blessure produit. Le peintre Zeuxis est mort de ne pouvoir s'arrêter de rire d'une vieille femme qu'il peignait, ainsi que Chrysippe, lui, en voyant un âne qui se régalait de figues.
Joubert, Laurent, Traité du ris(publi: 1579), « Savoir-mon si quelqu’un peut mourir de rire » (numéro livre III, ch. XVI (et dernier)) , p. 347-352 (fran)
- [1] Diogène Laertien attribue cette histoire à Chrysippe philosophe stoïque. Et il peut bien être advenu de même à tous deux
Mais que répondrons-nous de ceux, qu’il conte par écrit être morts du vrai ris ? On avait apprêté des figues à Philémon [1]. Son âne les vient manger en sa présence. Il crie au serviteur, qu’on le vienne chasser ; mais le garçon arriva trop tard, qui était allé quérir du vin. Auquel Philémon dit, Puisque tu as été si tardif, donne maintenant ce vin à l’âne. Lors voyant que l’âne en buvait, le bon vieillard se mit tellement à rire, qu’il en étouffa. Verrius a témoigné, que Zeuxis très excellent peintre, mourut en riant sans fin, de la grimace d’une vieille que lui-même avait peinte. Monsieur Boissonade médecin d’Agen, docte, expert et diligent, homme de bien et d’honneur, m’a témoigné que la paumière (c’est-à-dire la maîtresse du jeu de paume) de ladite ville d’Agen, femme âgée, mourut à force de rire, oyant conter une chose fort inopinée, étrange et ridicule. Il est vrai que ces exemples sont fort rares ; si est-ce qu’au premier livre nous avons donné une atteinte à ce doute, comment il se peut faire que le ris amène la mort. Dont il nous reste ici à expliquer plus exactement, comment cela advient. Je pense que la principale cause de la mort, qui procède du ris, est la faute de respirer. […] Il faut ajouter à ceci, que Philémon était vieux, ainsi que dit l’histoire. Or il est certain, que les vieux ont peu de chaleur et de force ; dont il est plus aisé qu’ils meurent soudain de joie, ou d’autre affection, que les jeunes. Et que Zeuxis aussi fut vieux, outre ce que nous en lisons, il est bien vraisemblable ; d’autant que chacun se rend toujours avec le temps plus parfait et excellent en son art. Si la grâce et perfection de son ouvrage lui donna l’occasion de rire excessivement, et de mourir ensemble, on peut bien conjecturer de cela, que l’ouvrage était merveilleux, et le peintre fort consommé en son art. Ainsi la paumière d’Agen, pour être vieille (paraventure) à jeun, outre ce qu’aux femmes la chaleur naturelle est plus débile, et le lien de l’âme plus fragile, put bien mourir de rire. Je cuide avoir satisfait par ces raisons, au problème et question qu’on pouvait faire, de ceux qui meurent de rire. Ce sont exemples et événements fort rares, dont aussi le fait requière plusieurs conditions.
Armenini, Giovanni Battista, De’ veri precetti della pittura(publi: 1587), « Della dignità e grandezza della pittura ; con quali ragioni e prove si dimostra esser nobilissima e di mirabile artificio ; per quali effetti cosí si tenga e di quali meriti e lode siano degni gli eccellenti pittori » (numéro I, 3) , p. 41-42 (italien)
Né io so, oltre a questo, se sarà creduto vero quello che già molti francesi in Roma affermavano per vero e che era in Francia accaduto, non era gran tempo; e ciò fu che, avendo uno eccellentissimo pittor francese un dí, per suo capriccio, dipinto ad una sua villa vicino a Parigi sopra il muro una antica femina di turpissima forma, sí come si vede che aviene ad alcune per la gravezza del troppo tempo e, dettolo ad un suo carissimo amico, che desideroso era ciò veder prestamente, come quello che molto ben sapeva quanto egli in quel fare si portasse eccellentissimamente, di subito vi corse e, senza tempo, incominciò con sí smisurata attenzione a riguardar fisso in quelle difformità sí straordinarie, che, divenuto tutto immoto per il soverchio piacer dell’animo nel quale egli era, che al fin, ricopertoseli gli occhi e perduto ogni sentimento e vigore, il misero si morí.
Van Mander, Karel, Het Shilder-boeck(publi: 1604), « Appendix », fol. 68. b., reg. 47. (n)
Zeuxis soude wesen gestorven, uytwarende met onmaetlijck lacchen, hem verslickende, nae t’ leven schilderende een berimpelt oudt drolligh Wijf. Dit betuyght Verrius Flaccus in zijn boecken van de beteyckeninghe der woorden, daer hy aentrecht Sex. Pompeum Festum. Hier op heeft eenigh poeet ghestelt dese versen :
Hoe lacht ghy sonder maet ? oft wilt ghy g’lijcken even
Den Schilder, welcken is van lacchen doot ghebleven ?
Bisagno, Francesco, Trattato della pittura(publi: 1642), “Di alcuni essempi avvenuti d’essersi ingannati, pittori istessi, huomini, e animali per la virtù, e forza del colorito” (numéro cap. XXXVI) , p. 223 (italien)
Ma prima dirò alcuni accidenti avvenuti, che non saranno fuori di proposito per dimostrare la forza, e eccellenza del colorito, quali saranno li seguenti. Un eccellentissimo pittore francese un dì per suo capriccio, dipinse ad una sua villa vicino a Parigi sopra il muro una antica femina di turpissima forma, sicome si vede che avviene ad alcune per la gravezza del troppo tempo, e dettolo ad un suo carissimo amico, che desideroso era ciò veder prestamente, come quello, che molto ben sapeva quanto egli in quel fare si portasse bene, di subito vi corse, e senza indugio alcuno incominciò con sì smisurata attentione a riguardar fisso in quelle difformità sì straordinarie, che divenuto tutto immoto per il soverchio piacere dell’animo, nel quale lui era, che al fine ricopertoseli gli occhi, e perduto ogni sentimento, e vigore, il misero si morì.
Ridolfi, Carlo, Le meraviglie dell’arte, overo le vite de gl’illustri pittori veneti, e dello stato(publi: 1648), p. 6 (italien)
E si racconta, ch’egli morisse per troppo ridere, mirando una vecchia da lui dipinta ; il che fù accennato da certo antico scrittore in questa guisa.
Nam quid modus facturus risu denique ?
Nisi pictor fieri vult, qui risu mortuus est.
Ottonelli, Giovanni Domenigo ; Berettini, Pietro, Trattato della pittura et scultura, uso et abuso loro(publi: 1652), « Aggiunta attorno alle pitture ridicole » (numéro III, 23) , p. 246-247 (italien)
- [1] Armenini l. 1. c. 3
- [2] Plin. 35. c. 10 Annot. Lit. a.p. 740
- [3] l. 2 de orat.
Procuri l’artefice nell’esprimere le ridicole deformità moderar in modo che non cagioni riso troppo dannoso : se bene io credo, che a tempo nostro niuno farà morire alcuno spettatore come in altro tempo alle volte è avvenuto. Ho letto [1], che un francese pittore eccellentissimo aveva per suo capriccio dipinto in certa villa poco lunghi da Parigi una femina d’apparenza vecchia, ridicola, e brutissima : lo disse ad un’amico, il qual desideroso di vederla, vi si trasferì, e cominciò con tanto insolita attenzione a riguardar fisso quelle ridicole e straordinarie deformità, che ne divenne immobile per lo soverchio piacer dell’animo ; et alla fine chiudendo gl’occhi, e perdendo ogni sentimento, e vigore, l’infelice se ne morì : morte degna di poca compassione, per essere comprata col prezzo di troppo riso. Un altro caso simile, ed anche più maraviglioso avvenimento leggesi dell’antico e famoso Apelle [2]. Dipinse una vecchiarella co’ suoi colori tanto proprii, e naturali, che potè consolarsi dicendo : “Ho fatto un opera espressiva in tutto del concetto ed idea dell’animo mio.” Effigliola in modo, che se ne stava sul canto d’un camino vicina ad un picciol fuoco, quasi covando le ceneri, per riscaldar le membra della senile e raffreddata persona. Occorse poi un giorno, che Apelle, stando tutto malinconico, cominciò, per ricrearsi alquanto, a mirare attentamente la dipinta e ridicola vecchiarella, e sentissi muovere a ridere con tanto affetto, che, non solo subito cacciò la malinconia, ma, non potendo moderare il riso, forzato fù di spirare l’anima, e di morire : nel che si verificò la sentenza di Tullio [3] Ita repente risus erumpit, ut eum cupientes tenere nequeamus. Anche l’antico Crasso, benché nominato fusse Agelastos, per essere giunto all’età senile senza mai ridere, quando vidde, che un giumento mangiava cardi spinosi, non potè ritenere il riso, onde nacque il proverbio. Similes habent labra lactucas.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Postille alla Vita di Zeusi », p. 40 (italien)
XX. Aveva egli dipinto una vecchia. Festo Pompeo alla V. Pictor. Pictor Zeuxis dum ridet effusè pictam a se anum γραῦν. Cur hoc relatum sit a Verrio cum de significatu verborum scribere propositum habuerit, equidem non video, cum versiculos quoque addere… tulerit, et ineptos pati, sed nullius praetoris praetesto nomine, qui tamen sunt ii. Nam quid modi facturus risu denique ? Nisi pictor fieri vult, qui risu mortuus est. Sopra le quali parole molte sono le varie lezione de’MS. e particolarmente de’frammenti farnesiani, le quali veggansi nelle migliori edizioni da chi n’avesse vaghezza. Solamente osservo che lo Scalig. leva la voce anum come soverchia, e che forse fu posta per chiosa della voce greca γρανῦ che così andrebbe corretta. Leva in oltre la voce praetoris, la quale altri leggevano auctoris, o poetae, e legge. Sed nullius praetexto nomine. Trovasi questa voce in tutti gli stampati e MSS. e quel che importa negli stracci dell’antichissimo testo Farnese. Ond’io m’indurrei più tosto a correggere, che a cancellare, benchè io sia molto nemico dell’usanza moderna di emendare così arditamente per conghiettura; e direi. Nullius pictoris praetexto nomine. Perchè vero è che de’ due versi citati non si pone l’autore, ma egli è anche vero che in essi non si legge il nome del pittore che si morì per le risa. Ma lasciamo la critica, e torniamo alla storia.
Come d’altri ancora si legge essere adivenuto. Di Crisippo lo racconta Laerzio a 209. Di Filemone Val. Mass. L. 9. c. 12. Di P. Crasso Tertull. d. Anim. n. 52. Ved. M. Menag. nelle Dotiss. Osserv. a Laerz. a 200. Ant. Laurent. de Ris. l. 2. Elpid. Berrettar de Ris. c. 10.
La morte stravagante di questo artefice mi diede già occasione di comporre il presente sonetto.
Nacque piangendo, al fin ridendo muore
Chi dar vita a’ colori ebbe ardimento,
Dunque è grave cordoglio il nascimento,
E conforto la morte, e non dolore.
Ma se’l riso è mortale, e qual terrore
Porterà seco il pianto ? e qual contento,
Se gli arreca il gioir fiero tormento,
Potrà sperare in questa vita un core ?
Misero chiamerem dunque chi ride,
Fortunato chi gli occhi aperse al pianto,
Se da l’essere il pianto, e’l riso uccide.
Anzi folle direm chi si dà vanto
Di non pianger vivendo ore omicide,
Folle chi ride, ed ha la morte accanto.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 17 (italien)
- [1] Verr. Fl. app. Festo in Pictor. V. le note.
- [2] XX
[1] [2] Aveva egli dipinto una vecchia, la quale poi attentamente riguardando rise tanto di cuore, ch’e’ si morì, come anche d’altri si legge essere adivenuto.
Pline l’Ancien; Berbaro, Hermolao; Gelen, Sigmund; Daléchamps, Jacques; Scaliger, Jules César; Saumaise, Claude; Vossius, Gérard Jean; Gronovius, Johann Friedrich, C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus [- Tertius]. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae. Item Joh. Fr. Gronovii Notarum Liber Singularis…(publi: 1669), p. 740 (latin)
[Note contexte] Ridentem obiisse Zeuxidem cum vetulam a se pictam aspiceret, tradunt. Apud Festum hi versus extant citati ex vetere quodam poeta,
Nam quid modi facturus risu denique ?
Nisi pictor fieri vult qui risu mortuus est.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van de dryderley graden der konst » (numéro III, 3) , p. 78 (n)
En eyndelijk in zijn oude Bestemoer zijn wonderlijken aert, want hy lachte zich zelven te berste.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Des trois degrés de l’art » (numéro III, 3) , p. 177 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
[…] ou le merveilleux caractère de sa Vieille femme, dont il rit lui-même aux éclats.
Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, III, 3, « Des trois degrés de l’art », p. 177
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van de hartstochten en driften des gemoeds: Zijnde het eerste lit in de tweede waerneminge; te weten van de daed der Historie » (numéro III, 8) , p. 110 (n)
- [1] d’Oogen
- [2] Blytschap
- [3] Lacchen
[1] Onder alle deelen des gelaets schijnt de meeste veranderingh in de oogen, die dikwils door een onmerkbare beweeging nu een blygeestich schijnsel uitgeven, of door eenige droefachtige wolken benevelt schijnen. [2] In wereltsche menschen beeltmen laetitia dat is blyschap uit, maer in de geene die na Godt leven, gaudium, dat is, verheuginge. Praxiteles maekte [3] van beeldstof een zeer blijde lacchende tronie, en daer tegens een andere zeer natuerlijk schreyende, beyde na de gelijkenisse van Phryne; betoonen-in twee gelijke tronien zoo verschillende driften. Zoo had ook den Gietkonstenaer Myron vermaek in een oudt geestich dronken wijf met een byzondere aerdicheit uyt te beelden, waer door hy grooten roem behaelde. Maer zulk een vreugde bequam Zeuxis zoo wel niet: want terwijl hy met diergelijk een drollige bes na’t leven te schilderen bezich was, barste hy zelfs zoo geweldich in lacchen uit, dat hy daer van verstikte en storf. Een Sardonise lach is die niet over de lippen komt, en zoo loeg Tygranes in’t bedekken van verbaestheyt.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Première partie de la deuxième observation concernant l’action de l’histoire : les sentiments et les passions de l’âme » (numéro III, 8) , p. 213 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Chez les hommes du monde, on représente de la laetitia (gaieté). Mais chez ceux qui vivent avec Dieu, on montre de la gaudium (joie). Praxitèle fit en pierre un très joyeux visage riant et, au contraire, un autre pleurant très naturellement, tous deux à la ressemblance de Phryné, montrant en ces deux visages semblables de si différentes passions. C’est ainsi également que le bronzier Myron s’amusa à représenter une vieille femme ivre, pleine de vivacité et avec un charme particulier qui lui valut une grande célébrité. Mais Zeuxis ne se remit pas si bien d’une telle joie. Alors qu’il était occupé à peindre sur le vif une semblable drôle de petite vieille, il fut pris d’un éclat de rire si violent qu’il s’étouffa et en mourut. Un rire sardonique ne parvient pas à s’exprimer. C’est ainsi que mentait Tigrane en dissimulant son étonnement.
Germain, Des peintres anciens et de leurs manières(publi: 1681), p. 128 (fran)
Au reste, on dit que ce peintre mourut à force de rire, considérant avec trop d’attention le portrait d’une vieille, qu’il avoit représentée d’une posture si grotesque, qu’elle étoit capable d’exciter le ris aux plus sérieux.
Rosignoli, Carlo Gregorio, La Pittura in giudicio overo il bene delle oneste pitture e’l male delle oscene(publi: 1697), « La pena de’ medesimi pittori » (numéro cap. II) , p. 14 (italien)
A Zeusi la figura d’una Vecchierella da lui pennelleggiata in forma naturale, grinza, sdentata, bavosa, incurva, tutta ridicola, cagionò sì smoderato riso, che in contemplarla rimase improvisamente privo di vita[1]. A quanti pittori le lor oscene imagini recheranno non già col riso, ma col pianto la morte eterna.
- [1] Otton. c. 3. Q. 9.
Bayle, Pierre, Dictionnaire historique et critique(publi: 1697), art. « Zeuxis », p. 1280 (fran)
On dit qu’ayant peint une vieille femme, il se mit tellement à rire à la vue de ce portrait, qu’il en mourut. C’est Verrius Flaccus qui le raporte. (I)
(I) Il y joint deux vers qui font allusion à cette aventure,
Nam quid modi facturus risu denique,
Ni pictor fieri vult qui risu mortuus est ?
Mais s’il est vrai que Zeuxis soit mort de la sorte, comment a-t-il pu se faire que si peu d’auteurs en ayent parlé ? Qu’y avoit-il dans toute sa vie d’aussi digne de remarque, qu’une telle singularité de sa fin ? Cependant parmi cette foule d’anciens qui ont fait mention de Zeuxis, il n’y a que Verrius Flaccus qui nous ait apris cette singularité. Encore l’a-t-il fait par hasard, et si peu à propos qu’il en a été grondé par son abbreviateur Pompeïus Festus, comme si un fait de cette nature n’eût pas dû entrer dans un ouvrage, où l’on s’étoit proposé de traiter de la signification des mots. Je voudrois que nous eussions le passage de Verrius Flaccus en son entier. Ce qui nous en reste étoit dans le plus pitoyable état du monde, avant que Joseph Scaliger y eût apliqué sa critique divinatrice. Si Mrs. Moreri et Hofman avaient connu cette source, ils l’auroient indiquée, comme cela se devoit, et ils nous eussent donné les deux vers latins un peu plus intelligibles. Le bon Ravisius Textor[1] n’a point mis notre peintre dans son catalogue de ceux qui sont morts de rire : c’est sans doute une omission involontaire. Notez que Simon Mayol évêque de Volturara s’est fort trompé sur ce fait. Zeuxis pictor, dit-il[2], deformissimam spectans quandam picturam solutus in risum expiravit. Verrius alter pictor quod anum quandam deformissimam pinxisset eandem mortem in risum solutus obiit, Rhodigino teste lib. 4. cap. 18. Il y a un gros peché d’omission dans ce qu’il conte de Zeuxis, et un peché énorme de commission dans le reste : car ce Verrius prétendu peintre et mort de rire, est un personnage chimerique ; outre que Rhodiginus est très mal cite. Voyez la marge[3] ; vous admirerez la metamorphose des pensées copiées par certains compilateurs : elle est quelquefois aussi surprenante que celles d’Ovide.
- [1] Officina ou Theatrum historicum, lib. II, cap. LXXXVII.
- [2] Simon Majolus, Dierum Canicularium, colloq. IV, pag. 165, édit. Romanae 1597.
- [3] Zeuxin pictorem risu emortuum prodidit Verrius, dum anum a se pictam ridet affluentius. Caeolius Rhodiginus, lib. IV, cap. XVIII, pag. 107.
Piles, Roger de, Abrégé de la vie des Peintres, avec des reflexions sur leurs ouvrages, et un Traité du Peintre parfait, de la connoissance des Desseins et de l’utilité des Estampes(publi: 1699), p. 114 (fran)
Festus dit que le dernier tableau de ce peintre[1] est le portrait d’une vieille, et que cet ouvrage le fit tant rire qu’il en mourut. Quoy que la chose soit difficile à croire, elle n’est pas sans éxemple.
- [1] Zeuxis.
Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « De la peinture » (numéro livre XXIII, ch. 5) , p. 156 (fran)
- [1] in voce Pictor
Festus [1] rapporte que le dernier tableau de ce peintre fut le portrait d’une vieille, et que cet ouvrage le fit tant rire, qu’il en mourut. Il est étonnant que nul autre auteur que Verrius Flaccus, cité par Festus, n’ait raporté ce fait. Quoique la chose soit difficile à croire, dit M. de Piles, elle n’est pas sans exemple.
Lacombe, Jacques, Dictionnaire portatif des beaux-arts ou abrégé de ce qui concerne l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie et la musique(publi: 1752), article « Zeuxis », p. 705 (fran)
Si l’on en croit Festus, ce peintre ayant représenté une Vieille avec un air extrêmement ridicule, ce tableau le fit tant rire qu’il en mourut.
[Baillet de Saint-Julien, Louis-Guillaume], Lettre à Mr. Ch[ardin] sur les caractères en peinture(publi: 1753), p. 1-2 (incipit) (fran)
Apelles ayant peint un jour une vieille Athénienne, et s’étant appliqué à mettre dans ce sujet toute l’expression et le caractère que la nature et son imagination pouvoient lui fournir, conçut en voyant son idée exécutée sur la toile un rire si subit et si immodéré, qu’il mourut, dit-on, devant son tableau d’une extinction de rate. L’historien qui rapporte ce fait est Pline, auteur trop crédule, qui a écrit fort gravement des mensonges très-frivoles. Ceci en a bien l’air, à juger de ces tems-là par le nôtre. Du moins est-il bien sûr qu’aucun peintre aujourd’hui ne s’expose aux mêmes risques qu’Apelles ; et que la partie des caractères est fort négligée.
Jaucourt, Louis de, Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII(publi: 1765), p. 266 (fran)
Verrius Flaccus, cité par Festus, rapporte que le dernier tableau de Zeuxis fut le portrait d’une vieille, qui le fit tant rire qu’il en mourut ; mais si le fait étoit vrai, comment auroit-il échappé à tous les autres auteurs ? Je supprime ici beaucoup de choses sur ce grand maître en Peinture, parce qu’on les trouve dans Junius & dans la vie de Zeuxis, de Parrhasius, d’Apelle, & de Protogène, donnée en italien par Carlo-Dati, & imprimée à Florence en 1667, in-12.
Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), t. I, p. 192 (fran)
On prétend que Zeuxis ayant représenté une vieille avec un air extrêmement bizarre et grotesque, ce tableau le fit tant rire, qu’il en mourut[1].
- [1] On peut douter de ce trait, qui n’est rapporté que par un certain Verrius Flaccus, dont le célèbre grammairien Festus abrégea le livre intitulé : De verborum significatione.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet(publi: 1985, redac: 1921)(latin)
Pictor Zeuxis risui mortuus, dum ridet effuse pictam a se anum, γραῦν.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Le peintre Zeuxis mourut du fou rire que lui donna son tableau La vieille.
Commentaires : Festus, De significatu verborum, fin IIe siècle, « Pictor » (Reinach 211)